dimanche 15 août 2010

bergis (challah) aux graines de pavot et aux écorces d'orange et de citron confits



"J'allais souvent à la maison d'étude de Radzymin pour bavarder avec cet homme. Il se mêlait de logique, et il me parlait des des paradoxes du philosophe grec Zénon. Un jour il me dit que, bien que l'atome fût sensé être la plus petite particule de matière, du point de vue mathématique, il pouvait se diviser à l'infini. Il m'expliqua aussi la signification des mots "microcosme" et "macrocosme".

Le lendemain je fis part de tout cela à Shosha. Je lui racontai que chaque atome était un univers en soi, avec des myriades d'êtres humains, d'animaux et d'oiseaux minuscules. Il y avait des non-Juifs et des Juifs. Les hommes construisaient des maisons, des tours, des villes, des ponts, sans se rendre compte combien ils étaient petits. Ils parlaient un grand nombre de langues différentes.
_ Dans une goutte d'eau, il y a peut-être des myriades d'univers comme ça.
_ Ils ne se noient pas ? demanda Shosha.
Pour ne pas trop compliquer les choses, je répondis :
_ Ils savent tous nager."
"Shosha" de Isaac Bashevis Singer





_ 425 g de farine de blé blanche T55

_ 1/2 cuillère à café de sel gris moulu
_ 80 g de sucre de canne blond
_ 10 g de graines de pavot
_ 1 petite poignée d'écorces d'orange et de citron confits
_ 25 g d'eau filtrée à température ambiante
_ 100 g d'huile de tournesol
_ 2 oeufs légèrement battus
_ 150 g de levain chef 100%
_ 1 jaune d'oeuf et du sucre perlé pour le décor

Mélanger tous les ingrédients secs, puis ajouter les oeufs, l'eau et l'huile. Une fois obtenue une grosse boule incorporer le levain et pétrir sur une plan de travail pendant une dixaine de minutes. Poser dans un saladier, recouvrir d'un torchon et laisser lever 3 à 4 heures dans un endroit tempéré à l'abri des courants d'air. Diviser la pâte en trois parts égales, les rouler sous la paulme de la main afin d'obtenir trois longs cigares. Les tresser comme un natte. Laisser reposer une heure encore sur une plaque de four recouverte de papier sulfurisé en prenant soin de recouvrir la pâte d'un torchon. Enfourner dans un four à 180°C, 20 minutes (après l'avoir badigeonner de jaune d'oeuf et saupoudré de sucre perlé)




Cet extrait, avec ce bergis (ou challah, chez "le pétrin", ici), me semble faire intuitivement partie d'un même petit univers, celui de mon enfance. C'est étrange combien notre mémoire- la mienne en tous cas - enregistre une saveur particulière, une certaine lumière... et associe pêle mêle des sensations à des ressentis qui ressurgissent du coup dans toute une gamme d'impressions s'échelonnant du "très agréable" (et par la force des choses presque impossible à reproduire) au "à éviter" Pendant des années j'ai pensé que jamais je ne parviendrais à retrouver le "vrai" goût d'un délicieux bergis... cela est bien connu, les poules suédoises ne pondent pas tout à fait les mêmes oeufs que les poules françaises, la qualité du sucre a changé avec tous ces évènements bioclimatiques relatés par la presse, et la farine n'est plus ce qu'elle était jadis !
Mais que cela est bon de savoir qu'Isaac a pu écrire et formaliser ce que l'on préssentait depuis longtemps, et que rien ne vaut les patisseries à l'huile de tournesol !

1 commentaire:

  1. Pas sûr qu, globalement, je craquerai pour des pâtisseries à l'huile de tournesol (je suis, en boulangerie, inconditionnelle de l'huile d'olive ou d'un mélange huile d'olive et purée d'amandes!) mais que j'aimerais croquer dans ta challah!!!

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